J'aime la nuit, l'état d'éveil nocturne, quand tout et chacun, autour, semble paisiblement endormi. Savoir les autres endormis, en repos me repose ; alors enfin j'appuie sur pause. Enfin je respire.
Plus de sollicitations, plus d' "à-faire", plus d'obligations.
Une forme de liberté si paisible où le guetteur du Temps disparaît.
J'aime ce rythme si peu naturel que m'offre l'énergie de pouvoir enfin, à mon rythme, flâner dans le méandre de mes pensées, dans mes imaginaires tortueux ou botaniques (tortue-fleur). Faire le bilan de la journée - ce qui surgit spontanément, apprécier après-coup ce qui s'y est déroulé, et puis après... rêver ma vie. Laisser les mots se croiser, vouloir les poser, les graver quelque part près de moi.
Je suis souvent incomprise sur ce thème de la part de mes proches.
Mais qu'est-ce que tu fais la nuit, si tard ? Ben, je lis, je voyage sur Internet (ce démon des curieux), j'écoute des émissions à la radio (j'aime écouter le mercredi soir sur "Radio Ici et Maintenant" l'analyse de rêves des auditeurs par un psychanalyste jungien - cf Mes liens web).
Et puis ma foi... Je rêvasse ! Je fabrique ma guimauve, ce truc qui s'étire quand on le malaxe. J'acquiers la toute-puissance, en faisant fi du temps qui passe. J'étire. Je m'étire. Ça s'étire en moi. Lentement.
Maintenant je le dis, mais ma vie nocturne crée de l'inconfort pour certains, ceux dans la vie desquels le terme "rêvasser" a malheureusement définitivement déserté la place du village.
Souvent, dans certains regards, je lis combien ça fait peur même, tout ce vide. Ça fait "bizarre"...
Moi-même, j'ai longtemps souffert de tourner en rond 2-3-4h avant le métro-boulot-sans dodo.
Juste là, posée. A scruter ce qui n'était pas. Arrivant au boulot (je dis "boulot" pour le côté purement alimentaire que ça m'évoque, sans regrets pour le passé), sans énergie, journées interminables dès la sonnerie du réveil, mise en marche au radar, enfin plutôt sans. Bruits, odeurs, vitesse, foule du métro (trop de parfums capiteux... C'est louche. Ça m'attaque les neurones tout ce pétrole sous le nez), naviguant à vue, à fleur de peau all day long, faute d'avoir bien récupéré. J'ai cramé ma journée pour ce temps mort... Gggrrr.. Je m'en veux.. Et ce téléphone qui n'arrête pas de sonner. PPfff... Bouffée de crampes et d'angoisses... Mon corps saturait. SOS.
Aujourd'hui, je négocie avec moi-même un recalage nécessaire, je le peux maintenant que Demain n'est plus si insupportable à envisager..
Et puis, quand la nuit se fait élastique, dans ce temps volé, je vois maintenant un beau roudoudou (qu'on déguste caché quand on est enfant).
Car vivre la nuit, c'est un peu vivre caché, tapi dans l'ombre comme on dit, à faire le guet par habitude.
J'ai envie de citer ce grand poète qu'est JJ Goldman (oui, bon, je sais.. mais il a bercé et supporté mon adolescence, alors je lui dois bien ce petit hommage reconnaissant..!).
L'une de ses chansons s'intitule "Veiller tard" et débute ainsi :
"Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève,
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie,
Le silence inquiétant qui précède les rêves.
Quand le monde disparu l'on est face à soi."
Ces paroles viennent souvent danser dans ma tête. Elles disent tout ce noir, toute l'absence des autres, tout le vertige qui peut nous engloutir comme donner libre espace à nos propres couleurs. Sinon.
Face à soi, que se passe-t-il ? Dans le silence, qui suis-je vraiment ? Un face-à-face radical et parfois violent se met en place. Car il s'agit d'affronter (ou prendre un cachet) quand m'assaillent, tel un guerrier (oui c'est un jeu de mot), les questions existentielles. Remplir d'activités ses journées aide à ne pas se rencontrer dans ce dialogue.
Alors ?
Faire avec pour créer, imaginer, juste respirer / ou contre, plonger dans l'impasse totalitaire du néantissant absurde. Quand ça devient un choix, c'est déjà la liberté ! Mais ça reste instable.
En ces temps d'insomnie généralisée (de socio-malaise), je trouve réconfortant de pouvoir vivre de beaux instants de riche solitude et d'y nicher à l'abri ma créativité. Par ce blog notamment.
Je ne sais plus quel homme célèbre a dit que l'heure la plus obscure de la nuit est toujours celle qui précède l'aube. Bon, ça vaut un bon coup de talon au fond de la piscine, en quelque sorte. En plus naturaliste.
Savoir que l'aube sera là n'est pas qu'une promesse, c'est la vie au sens cosmique - et son rythme naturel si rassurant - pour garants de sa propre existence en mouvement...
Un phare dans la nuit. Nécessaire repère quand tout vacille (sauf les roudoudous !).
Douce nuit à chacun.
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Hey mon amie, vive la nuit, je confirme. Le temps qui s'étire: noctambule/funambule (tu l'es forcément aussi, une équilibriste)
RépondreSupprimerVive cet espace de liberté.